La Mort en Corse

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La mort en Corse 

Dans la période qui marque le passage du XIXe au XXe siècle, alors que la Corse est encore essentiellement un pays de villages d’agriculteurs et de bergers, la mort est toujours un évènement vécu et géré collectivement.

Qu’elle soit l’issue attendue et préparée d’une maladie, de la vieillesse ou le résultat imprévu d’un accident, d’un meurtre, d’un suicide, la mort est toujours vécue et pensée comme un ébranlement dans la communauté humaine où elle apparaît. Elle rompt la régularité des tâches quotidiennes, ravive les relations humaines, suspend les conflits. Parce qu’elle ouvre sur un monde radicalement autre que celui de la vie ordinaire elle introduit un désordre, un temps suspendu, un climat d’ambiguïté et d’étrangeté. 

Parce que le XXe siècle fut une période de grandes mutations la mort aussi a changé. Elle est même un marqueur privilégié pour mesurer l’ampleur de ces mutations. La durée de la vie s’est allongée, les enfants connaissent donc beaucoup plus souvent et longtemps leurs grands-parents et la transmission entre générations est facile. Les affres de l’agonie sont de mieux en mieux maîtrisées et adoucies ; les enfants en bas âge que la mort emportait en sont presque tous épargnés ; en revanche cette mort qui était vécue comme une fatalité est devenue un malheur inacceptable. La guerre de 14-18, en multipliant les décès et en privant les familles et les villages de la possibilité de se livrer à un rite de lamentation qui prenait sa force et son sens dans le spectacle du corps présent, a sans doute contribué à la disparition du voceru. On meurt loin du village ou du quartier où on a vécu. Le thanatopracteur a pris le relai des femmes qui habillaient le mort. L’adoption de plus en plus fréquente de l’incinération transforme profondément le rapport dernier au défunt. Là où l’enterrement réunissait la communauté (on mesurait la notoriété du défunt à la longueur du cortège) elle substitue une cérémonie plus intime, en milieu fermé, et une inhumation discrète, voire même, par la dispersion des cendres, une dématérialisation totale. A ce dernier trait on peut mesurer l’ampleur des mutations.

Georges Ravis-Giordani

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Format fermé : 210 x 270 mm
440 pages imprimées 4 couleurs sur papier couché semi-mat en 150g
Pages de garde en couleurs
Couverture: carte 2 mm, recouverte du couché 150 gr., avec impression quadri sur recto et pelliculage brillant recto
dos carré cousu collé avec tranche fil
Jaquette : impression 4 couleurs avec pelliculage brillant
ISBN : 978-2-9570837-2-5

Sommaire

Introduction : George Ravis-Giordani

I annantu à a pala
désolation, affliction ; dérision ; désolation ou dérision ; s’hè spentu ; notes ;
annexe 1 : Ghjastemi ; annexe 2 : Ghjastemi, arrisii, scunghjuri.

II de l’agonie… ùn istrappa 
souffrir ; agonie purgatoire ; la prière des agonisants ; u candelu di a Ciriola, le cierge de la Chandeleur ; u votu, u vutiziu, le vœu au saint ; le tredici parolle sacre, les treize paroles sacrées ; a signadora ; a chjavi di u tabernaculu ; penna è pena, penne et peine ; a coppia, le joug ; u tarminu, la pierre « fichade » ; répartition géographique des rituels d’agonie ; autres rituels d’agonie ; acabadora ; notes ; annexe 1 : le culte des saints ; annexe 2 : l’Eglise contre le paganisme.

III  corps absent
ceux de 14 ; ceux que l’on enterre au loin ; notes.

IV  corre a nutizia
le cri ; la cloche ; à a muta ; mute ; messagers ; téléphone, télégramme ; missive ; faire-part ; notes ; annexe 1 : églises et clochers ; annexe 2 : e campane di u paese ; annexe 3 : Azilonu.

V  la toilette
appaghjatu ; appaghjatu ch’ellu hè… ; lavé, habillé ; scarpi o micca ? ; paru o nescu ? ; stratatu o chjinatu ; cadavres ; le cadavre ordinaire ; le cadavre contagieux ; le cadavre de l’assassiné ; l’abandon des corps ; notes ; annexe 1: d’une région à l’autre.

VI la veillée
vighjà ; la part des femmes ; la part des hommes ; la part de l’Eglise ; manger ; rire; extinction ; notes ; annexe 1 : d’une région à l’autre.

VII pleurer les morts
cri et vocifération, brionu è raspu ; de la vocifération à la vocération, da raspu à voceru ; les vocératrices ; aux femmes la parole ; l’éloge ; régler les comptes ; voceru et vendetta ; vers le silence ; l’épanchement masculin ; notes annexe 1: Redonner la vie, infliger la mort ; annexe 2 : voceru di Prete Massimi ; annexe 3 : l’éloge funèbre ; annexe 4 : lamentu di u Culinnellu Lucciardi.

VIII les jeunes et la mort
i turchi ; e criature ; enfants maudits ; i zitelli ; i giuvanotti, e giuvanette ; la mort éloignée ; notes ; annexe 1 : baptêmes, sanctuaires à répit ; annexe 2 : turcu ou criatura ? ; annexe 3 : enfants chéris ? ; annexe 4 : chronique d’une famille de Lopigna (XIXe siècle) ; annexe 5 : où les enterrer ? ; annexe 6 : la colonie pénitentiaire de St Antoine.

IX médecins et malades
de la médecine et de sa pratique ; la révolution sanitaire ; la maladie en paroles ; fin de l’agonie et agonie sans fin ; la fin de l’au-delà ? ; notes ; annexe 1 : le paludisme ; annexe 2 : la santé en Corse ; annexe 3 : les médecins et la politique.

X de la maison à l’hospice
la bonne mort ; invichjà ; vieillesse ennemie ; de la maison à l’hospice ; notes ;
annexe 1 : une belle mort ; annexe 2 : familles nombreuses ; annexe 3 : Nérée et Géras ; annexe 4 : de la retraite à la dépendance : « troisième âge » et « quatrième âge » ; annexe 5 : l’homme n’a pas toujours été vieux.

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